Le narrateur a flirté avec le marxisme et le libertinage durant sa jeunesse. Germanophile, il laisse tomber un amour de jeunesse d'extraction sociale modeste comme lui pour partir à la rencontre de la fille de sa prof de littérature allemande qui vit la bohème à Berlin.

Ce sera le premier de plusieurs désenchantements. Devenu professeur, le narrateur hésitera trop longtemps à former un couple avec une consoeur éprise de lui, avant d'être séduit par la mère d'un de ses étudiants, réfugié serbe. Autre amour éphémère qui le renverra à son passé, où il a toujours tergiversé entre sa raison et l'appel sexuel du large.

Dans ce roman construit comme une élégante spirale qui se déroule sur une quarantaine d'années, Grøndahl poursuit l'analyse fine des baby-boomers de la petite bourgeoisie intellectuelle, au coeur de ses romans précédents.

Sans avoir toute la sourde puissance de Quatre jours en mars (2011), ce roman demeure imprégné d'éléments de réflexion pour lesquels il n'existe pas de réponse définitive.

Il fait aussi ressortir le caractère essentiel de l'art pour nourrir la vie, faute d'y trouver un sens ou de la transformer en bonheur. 

* * * 1/2

Les portes de fer. Jens Christian Grøndahl. Gallimard, 404 pages.