Si ce n'était la plume poétique et onirique de Patrick Lapeyre, il y aurait peu de raisons de s'attarder sur son nouveau roman, qui paraît six ans après le prix Femina remporté pour La vie est brève et le désir sans fin.

La splendeur dans l'herbe est l'une de ces oeuvres magnifiquement réussies dans leur immobilisme, envoûtantes et ancrées dans l'attente - cet état «parfait, à condition qu'on n'espère rien et qu'on ne craigne rien».

Peu d'événements, donc, viennent troubler le rythme langoureux des conversations à demi-mot et des silences, semblables à des caresses, que s'échangent Sybil et Homer, deux étrangers réunis par la trahison de leurs époux.

Comme les doubles mélancoliques de leurs ex, ils ressassent le passé et se nourrissent l'un l'autre de leur solitude. Dans un souci d'expliquer le profond malaise social d'Homer, l'auteur ouvre par intermittence des fenêtres sur son enfance, son comportement déjà anxieux faisant craindre à sa mère des rapports futurs difficiles avec les autres, en particulier avec les femmes.

En définitive, après des amitiés et des amours avortés, est-il encore possible de croire et d'oser à nouveau? Dans les mots de Lapeyre, la question prend une dimension carrément philosophique.

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La splendeur dans l'herbe. Patrick Lapeyre. P.O.L, 384 pages.