Démonisée par les livres d'histoire, l'impératrice chinoise Cixi (1835-1908) fut longtemps perçue comme une dictatrice cruelle, ambitieuse, vénale et réactionnaire. Ce sombre portrait, qui la suit depuis plus d'un siècle, pourrait cependant changer grâce à la nouvelle biographie que lui consacre Jung Chang (Les cygnes sauvages).

Se fondant sur des sources disponibles depuis peu, l'auteure réhabilite avec talent la célèbre concubine, qui prit le pouvoir après la mort de l'empereur Xianfeng en 1861 et dirigea la Chine d'une main de fer jusqu'à sa mort, à l'âge de 72 ans.

Cixi fut certes responsable de quelques assassinats politiques (son fils adoptif, entre autres!) et victime d'un contexte historique défavorable. Mais ces points sombres ne doivent pas occulter le fait que «l'impératrice douairière» fut aussi une dirigeante sensible et éclairée, qui fit entrer la Chine dans la modernité (chemin de fer, électricité, télégraphe, fin des pieds bandés) et assura avec brio la survie de la dynastie Qing.

Selon Jung Chang, la mauvaise réputation de Cixi serait attribuable à la propagande de ses détracteurs et à la lecture misogyne de certains historiens. Fruit d'un travail de 10 ans, cette nouvelle interprétation, plus féministe, remet quelques pendules à l'heure.

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L'impératrice Cixi. Jung Chang. JCLattes, 478 pages.