Hollywood, années 50. Au cours d'une soirée bien arrosée dans une villa en bordure de mer, une starlette en devenir avance dans l'eau, un martini à la main. Un des invités de la fête l'aperçoit, pressent le drame imminent et vole à son secours.

Le lendemain, dégrisée, elle appelle son sauveur, un scénariste bien en vue, pour le remercier. Ils prennent rendez-vous. Il découvre vite que sa vie est minable, que son équilibre est fragile, mais il s'attache à elle, bien malgré lui.

Ce qui commence par une simple passade devient vite un engrenage qui les met en danger. De ce qui ressemble à une banale aventure, Hayes tire une tragédie touchante et dérangeante.

Ce court mais formidable roman paru originalement en 1958 met en scène sans jugement cette relation toxique. La narration crée une tension grandissante. Hayes accumule les fines observations psychologiques et alterne les points de vue objectifs et subjectifs.

Saluons enfin la traduction élégante d'Agnès Desarthe, à l'exception peut-être du titre qui ne rend pas le tragique de l'original (My Face for the World to See), un renvoi à la célèbre phrase du Richard III de Shakespeare.

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Une jolie fille comme ça. Alfred Hayes. Gallimard, 167 pages.