«En matière de parole, je prends la plus coupante, la plus boxante», écrit Sony Labou Tansi, dans un des textes engagés d'Encre, sueur, salive et sang. Il suffit en effet d'ouvrir le volume au hasard pour se rendre compte de la force de frappe de l'écrivain congolais, mort à l'âge de 48 ans en 1995, auteur d'une vingtaine de pièces de théâtre, romans et recueils de poésie.

Si le colonialisme est un de ses thèmes, Labou Tansi refuse cependant d'être enfermé dans le courant de la négritude: «Je suis le nègre qui va loin sur la route des hommes. L'homme qui, malgré tout, dit tous les hommes.»

Dans ces textes sensibles et cinglants, Labou Tansi se veut corps autant qu'esprit car, «dans la pratique de l'existence, c'est les couilles et le ventre qui bougent avant le reste du corps».

Ses phrases, percutantes, répètent le refus de «vivre au rabais» et l'amour inconditionnel de la vie. Il fustige l'«économisme» du monde, les universitaires, la science et le progrès.

Cet appel au réveil du corps, au sursaut de la conscience face au monde voué au «cosmocide» et à la révolte qui doit en résulter est d'une actualité toujours aussi brûlante.

* * * *

Encre, sueur, salive et sang. Sony Labou Tansi. Éditions du Seuil. 196 pages.