Premier roman de la Brésilienne Vanessa Barbara, Les nuits de laitue s'ouvre dans l'intimité décalée d'une maison jaune, celle d'Otto et d'Ada. En fait, plutôt sur la mort subite de cette dernière - si subite que la lessive n'a pas eu le temps de sécher - et la vie de vieux bougon que mène désormais Otto dans un village biscornu.

Préparateur en pharmacie féru d'effets secondaires, traductrice affublée de trois chihuahuas surexcités, vieillard japonais possédé par son passé militaire et facteur qui distribue mal le courrier afin de rapprocher les habitants: les personnages hauts en couleur se pressent dans l'existence solitaire d'Otto qui, au contact de cette société baroque, commence à soupçonner que quelque chose n'y tourne pas rond.

Certes, ils sont tous dingues (et terriblement attachants), mais l'auteure ne se contente pas de leurs tribulations colorées et brode du même fil une énigme policière.

À l'instar de la ribambelle de phénomènes, son écriture délirante et sympathique se délie autour d'improbables tisanes de laitue ou encore d'un cabot myope croquant les bornes-fontaines. Un petit livre tout indiqué pour botter la grisaille. 

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Les nuits de laitue. Vanessa Barbara. Éditions Zulma, 223 pages.