Nirliit (oies, en inuktitut) s'ouvre sur des chroniques nordiques écrites par une jeune femme qui visite Salluit, village situé au 62e parallèle, tous les étés. La narratrice ne se pose donc pas autrement qu'en observatrice de la vie en pays inuit.

Ce qui ne l'empêche pas de dénoncer et de critiquer vertement, puisque ce qu'elle y voit fait frémir. Elle prend à témoin Eva, une amie morte - femme autochtone disparue ou assassinée, qui sait, M. Harper? - pour décrire des conditions de vie inacceptables. Des conditions de mort, plutôt, où la culture inuite est noyée dans la drogue, l'alcool, des us et coutumes imposés par le Sud et la haine pure et simple.

Après ce vol au-dessus de ce nid de coucous, Nirliit se ferme sur l'histoire d'Elijah, fils d'Eva, qui, malgré les circonstances néfastes et des dés pipés, survivra. Résilient, comme son peuple. Il n'y a guère plus d'espoir que cela dans ce livre cru, dur comme la pierre du Nord, mais nécessaire comme une peine d'amour.

Les Inuits du Nord se transforment en ce qu'il y a de pire en nous, du Sud. Ce n'est pas beau, mais pas question de fermer les yeux, dit courageusement Juliana Léveillé-Trudel.

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Nirliit. Juliana Léveillé-Trudel. La Peuplade, 173 pages.