Il ne faut pas chercher l'inédit dans ce nouveau roman d'Amélie Nothomb, mais une impression agréable de chausser des pantoufles pour découvrir ce que l'auteure belge nous a réservé cette année.

L'arrière-plan narratif oscille entre Agatha Christie et Woody Allen: jeune fille d'une famille aristocrate belge, Sérieuse (c'est le nom du personnage) s'ennuie. En quête de sensations fortes, elle décide de passer une nuit seule en forêt.

Une voyante la récupère en piteux état et prévient son père, obnubilé par l'ultime garden-party qu'il donnera au château du Pluvier. En repartant, elle lui annonce qu'il tuera l'un de ses invités...

Nothomb y va fort dans l'incongruité des situations, tout comme dans sa propension à ronronner sur des rouages connus. Si sa formule change peu, elle excelle dans l'art du contre-pied hilarant au rythme enlevé: des protagonistes avec des noms à coucher dehors, des pirouettes stylistiques savoureuses, quelques piques décochées à l'encontre de nos habitudes langagières.

Quant à l'histoire, on s'y accroche mollement sans trop croire au suspense. Sous l'élégance blasée, le regard de l'auteure reste vif et le jugement saignant. Un horrible délice.

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Le crime du comte Neville. Amélie Nothomb. Albin Michel. 144 pages.