Que vaut la vérité face au pouvoir de l'imaginaire? Jeune fille rêveuse et sensible, la narratrice nous entraîne dans les couloirs de son imagination, où elle se plaît à réinventer le passé et prédire l'avenir.

Pour tromper son ennui ou dompter ses déceptions, elle construit de multiples versions de sa vie, usant de répétitions sibyllines afin de réécrire les faits.

Le «grand galop» de son imagination la force par ailleurs à dessiner ses pires angoisses, sans néanmoins l'y préparer, puisque jamais elle ne les envisage réellement. Sans cesse, ses élucubrations obsessives se précipitent dans sa tête et prennent le dessus sur la réalité, nous laissant quelquefois confus, incapables de distinguer le vrai du faux.

Au bout du compte, ce monologue parvient tout de même à décrire avec justesse la grande souffrance de vivre avec les désillusions et la certitude que «rien n'est jamais aussi parfait qu'en imagination».

Mais pour suivre les états d'âme de cette femme dont on finit par savoir peu de choses, il faut réussir à mettre toute logique de côté et affronter ces zones noires de l'esprit, où la peur viscérale qu'espoirs et désirs s'effondrent peut l'emporter en un tour de main sur la raison.

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Le Grand Galop. Marie-Noëlle Gagnon. Québec Amérique, 155 pages.