Juif américain, Gary Shteyngart est souvent rapproché de Woody Allen par la critique, pour la drôlerie de ses récits.

C'est diminuer l'originalité de son oeuvre que de la comparer à celle, bourgeoise et confortable, du cinéaste new-yorkais. Dans ce nouveau livre, autobiographique, Shteyngart raconte son parcours d'immigrant originaire de Saint-Pétersbourg, arrivé aux États-Unis à l'âge de 12 ans, à la faveur d'un accord américano-soviétique autorisant l'exil des Juifs.

L'enfance pauvre dans le Queens, l'intimidation à l'école hébraïque, la mutilation de la circoncision, le lycée manhattanien où il devient alcoolique: voilà pour les grandes lignes, car tenter de résumer une écriture aussi dense, où les anecdotes prolifèrent, s'avère impossible. Il faut aimer se perdre dans une logorrhée typiquement juive pour savourer ce récit touffu, qui illustre la situation pénible de l'étranger dans sa terre d'accueil, sur fond de satire du rêve américain.

Si la traduction, trop marquée par les expressions et la réalité de la France, agace, l'histoire de ce petit Igor devenu Gary, à qui il a fallu pas mal d'années d'errances pour devenir un jeune écrivain doué, fait toutefois entendre une voix qui ne ressemble à aucune autre. 

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Mémoires d'un bon à rien, Gary Shteyngart, L'Olivier, 397 pages