Quatre personnages principaux, trois périodes étalées sur 25 années, peut-être les plus folles du XXe siècle, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la conquête de la lune.

Derrière la façade parfaite de deux couples pratiquement en ruine, l'alcool coule à flots, les médicaments s'obtiennent en un clin d'oeil. Derrière l'illusion d'une famille serrant les rangs, l'amertume, la tromperie, la rancune, les secrets règnent en rois.

L'Amérique? Évidemment. L'écriture de Liza Klaussmann est moins sale que celle de Tennessee Williams, mais moins proprette que celle de Douglas Kennedy.

N'empêche qu'on se sent ici en terrain connu, entre l'air salin de Cape Cod et les artifices de Hollywood, entre les relents de la guerre, les cocktails de fin d'après-midi et les germes de troubles mentaux.

La force de cette histoire tient dans l'extraordinaire jeu de miroirs et des flash-back hyper maîtrisés par lesquels chaque personnage raconte de son point de vue de l'histoire de cette famille aspirée vers les abîmes.

Tiger House est comme un ruban de Möbius que parcourent les personnages en quête d'une porte de sortie qui ne se présentera jamais.

* * * 1/2

Tiger House. Liza Klaussmann. JC Lattès. 414 pages.