Tom Rachman avait séduit bien des lecteurs avec Les imperfectionnistes, réjouissant roman qui se déroulait dans la salle de rédaction d'un quotidien. S'il a gardé sa manière légère d'écrire, son sens des dialogues punchés et sa capacité de créer des personnages crédibles, ce deuxième roman, plus sombre et lancinant, risque d'en surprendre plusieurs.

On y suit Tooly, libraire trentenaire en quête de son histoire, qui nous est racontée en trois moments charnières. La structure non linéaire nous dévoile par étapes des pans de cette existence apparemment sans attaches. On suit avec malaise et compassion le chemin de cette jeune femme qui a perdu sa vie à se faire rouler dans la farine par son entourage et à se détourner des quelques personnes qui l'aimaient vraiment.

Roman (très bien traduit) sur les apparences, la manipulation et l'importance d'avoir une pensée indépendante, Gloire et déchéance traverse deux décennies - de 1988 à 2011 - qui ont sonné la fin de bien des illusions. Acidulé, souvent drôle avec ses personnages secondaires déroutants, ce roman foisonnant confirme le talent atypique de son auteur même s'il ne suscite pas une adhésion totale.

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Gloire et déchéance des grandes puissances, Tom Rachman, Québec Amérique, 608 pages