C'est la curiosité et l'admiration qui nous ont fait ouvrir ce premier roman: il est écrit par Agnès Bihl, auteure-compositrice-interprète parisienne de talent, soutenue par Aznavour, Thomas Fersen, Grand Corps Malade... Une artiste douée donc, mais pas encore pour l'écriture de roman.

On y trouve pourtant ce qui fait la force de ses chansons: un sens du raccourci qui fait mouche, une certaine verve, de l'humour en masse... Et elle aborde de front un sujet tabou: les personnes âgées abandonnées par leur famille dans des maisons de retraite.

C'est le cas de Madeleine, quasi-octogénaire que ses petites-filles viennent de «placer» - et on se dit qu'il vaut mieux avoir de vieux amis que des enfants et petits-enfants pour se sortir de certains mouroirs! Hélas, si elle maîtrise la concision nécessaire à la chanson, Agnès Bihl se «lâche lousse» dans la littérature: personnages limite caricaturaux, excès (de descriptions, de monologues intérieurs...) qui lestent l'action et même l'indignation légitime, répétitions et ressassements...

Quant à l'abus de patois des uns et des autres, il rappelle l'oeuvre complète de Guy Fournier! Dommage. On lira tout de même son prochain, si prochain il y a, par curiosité et admiration.

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La vie rêvée des autres d'Agnès Bihl, Don Quichotte, 264 pages