L'Ancêtre en Solitude retranscrit l'enchaînement - dans tous les sens du terme - de trois générations de femmes guadeloupéennes prises au piège de la toile esclavagiste tissée par les Blancs.

Louise, poupon vendu providentiellement à la femme d'un planteur ; sa fille Hortensia, et ses balbutiements d'insoumission ; et enfin Mariotte, séduite par les secrets du passé et les lettres, ces formes encore dénuées de sens.

C'est au moyen d'un métissage littéraire ensorcelant, émaillé de créole, que nous sont narrées ces vies teintées de luttes et d'humiliations.

« Dans la langue créole, il y a toujours de l'espoir, il y a toujours une création », lance Simone Schwarz-Bart dans une entrevue télévisée.

Pour mieux le cerner, ce roman doit être replacé dans le contexte de sa composition : il fait suite aux deux premiers récits d'un « cycle guadeloupéen » entrepris par le couple en 1967 dans l'indifférence quasi générale.

Écrit à partir des notes du regretté André Schwarz-Bart (disparu en 2006, Prix Goncourt 1959), L'Ancêtre en Solitude, mis en mots par sa veuve, représente aussi bien le souffle de lutte d'un peuple face à l'oppression que l'acharnement littéraire face à la tyrannie de la critique et du public. 

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L'Ancêtre en Solitude, Simone et André Schwarz-Bart. Seuil, 238 pages.