Régis Jauffret le dit lui-même en entrevue: il n'est serein ni face à la mort ni face à la vieillesse. Les 16 histoires de Bravo, décrit comme un «roman mosaïque», en témoignent.

«Hommage aux êtres qui ont dépassé le cap de la soixantaine et habitent désormais ce continent gris peuplé d'humains d'hier que dans ma jeunesse on appelait les petits vieux», écrit dans la préface l'écrivain français, qui a 60 ans ce printemps.

Hommage grinçant, ironique et méchant où toutes les horreurs sont permises, peut-on ajouter, car Bravo, qui raconte les histoires de «vieux» âgés entre 55 et 125 ans, n'a pas peur des énormités, de l'exagération et des relations tordues, poussant souvent les récits du côté du surréalisme pour montrer la déchéance, la solitude et la décrépitude.

La première et la dernière histoire, plus tendres, n'empêchent pas qu'on ressort de ce livre dérangeant avec un petit haut-le-coeur.

On reste cependant impressionné par la plume virtuose et riche de Régis Jauffret, qui fait ici un retour à la fiction après s'être inspiré de faits divers (Claustria, sur l'affaire Josef Fritzl, La ballade de Rikers Island, sur l'affaire DSK).

Brillant donc, mais il faut avoir le coeur bien accroché.

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Bravo. Régis Jauffret. Seuil. 278 pages.