Marie Christine Bernard fait oeuvre nécessaire avec ce roman portant sur la vie dans les communautés autochtones. Au moment où les relations entre les Premières Nations et les Blancs au Canada sont toujours marquées par le ressentiment, lier dans un récit la vie trouble d'une jeune mère atikamekw avec le passé de son peuple relève d'un beau défi.

La jeune Sarah-Mikonic Ottawa entreprend une marche des ancêtres pour retrouver la paix dans son coeur et un sens à la vie. Son parcours nous est raconté par sa grand-mère morte. C'est celle qui voit tout et entend tout, qui sait lier le présent au passé dans un même souffle.

Les réserves, les pensionnats autochtones, les ghettos, les toxicomanies... aucun sujet n'échappe à la plume réfléchie de l'auteure. La structure originale du récit ne l'empêche pas, toutefois, de s'empêtrer, à certains moments, dans un certain manichéisme à saveur naturaliste-nouvelle âgeuse.

Mais il y a aussi de forts beaux passages aux qualités humanistes qui démontrent clairement l'existence de préjugés tenaces dont sont toujours victimes les autochtones en leur pays.

Ce roman s'avère convaincant au sujet de la nécessité d'une compréhension nouvelle entre les nations qui ont occupé, occupent et occuperont encore le territoire demain.

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Matisiwin, Marie Christine Bernard, Stanké, 153 pages.