Si la précédente enquête du commissaire Salvio Montalbano imaginée par l'écrivain Andrea Camilleri était un bijou de sensibilité (La danse de la mouette, 2014), celle-ci, la 19e en français, est un joyau de cruauté.

Écrite par Camilleri alors qu'il n'avait «que» 84 ans (il en a 89 aujourd'hui), cette enquête débute pourtant sur une note burlesque et noire: un frère et une soeur septuagénaires et dévots tirent sur la foule, dans la bourgade sicilienne fictive de Vigata; dans leur appartement, on trouve des centaines de statues, de crucifix, d'images pieuses mais aussi une vieille poupée gonflable.

À partir de là, puis de la disparition d'une jeune fille doublée d'une étrange «chasse au trésor» anonyme, le commissaire philosophe et gourmet va plonger dans une histoire d'horreur digne de Stephen King.

Traduit avec le brio habituel par Sergio Quadruppani, Andrea Camilleri ne résiste pas à émailler son polar de réflexions sur les mots à la mode («précariat», «déchetterie»...) ou sur les conséquences de l'âge («On naît incendiaire, on meurt pompier»). Mais c'est le sentiment d'horreur qui prime, au final.

Une première dans l'oeuvre de Camilleri, qui ne décevra pas ses fans.

* * * 1/2

La chasse au trésor. Andrea Camilleri. Fleuve noir. 304 pages.