Charmant roman que ces Bonheurs caducs, récit d'une descente au fond du baril qui fait étrangement du bien. Peut-être parce que le personnage principal, Rosemarie, perd tellement le contrôle sur sa vie que ça en est drôle, et que sa manière de s'en sortir - toute seule, sans compter sur un prince charmant rêvé - est originale.

L'histoire de cette jeune trentenaire qui traîne une vieille peine d'amour, en bave au bureau, est en froid avec sa famille et ses amies, et qui s'enferme un été dans son appartement en buvant beaucoup et en mangeant peu, est menée avec beaucoup de doigté et d'humour par Élyse-Andrée Héroux.

Pour son premier roman, elle a trouvé un ton juste et jamais larmoyant, et une manière d'écrire en inversant des bouts de phrases - «Sur le trottoir les passants déambulaient» - qui peut accrocher a priori, mais qui lui donne aussi un petit je-ne-sais-quoi de suranné.

Un décalage qui va très bien avec l'état d'esprit de Rosemarie, qui découvrira que même les gens qui semblent équilibrés ont des failles.

On referme le bouquin en souhaitant bonne chance à cette héroïne attachante qui, au bout du tunnel, fait enfin ses premiers pas dans l'âge adulte.

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Les bonheurs caducs. Élyse-Andrée Héroux. Québec Amérique. 382 pages.