Il y a quelque chose de très viscéral dans les romans de Lynda Dion. Après La dévorante et La maîtresse, deux oeuvres singulières narrées à la première personne et s'approchant de l'autofiction, l'auteure propose un roman à la troisième personne, mais qui se situe tout autant au fil des émotions et des sentiments.

Un couple qui n'aurait jamais dû se former, une rupture qui s'étire et se passe mal. «À partir de quand on sait que c'est assez?», demande d'ailleurs la fille de la protagoniste.

La mère décortique son propre échec en observant pousser une plante dans son salon, une bien nommée Monstera deliciosa qui envahit la pièce. Partage des frais, déménagement, étreintes décevantes, malaises, colère, déception, la défaite de ces deux êtres mal assortis est analysée dans de courts paragraphes d'à peine quelques phrases, en peu de mots.

Cette approche dépouillée et elliptique n'empêche pas le lecteur de se sentir voyeur, comme s'il assistait à une chicane de couple entre deux amis.

Ça suscite parfois le malaise, mais c'est solide et sans concession. Et pose des questions sur l'amour après 50 ans, le besoin d'être en couple... et l'histoire qui se répète. Une voix unique et pertinente.

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Monstera deliciosa. Lynda Dion. Hamac. 137 pages.