Jean Daragane, romancier sexagénaire coupé du monde, reçoit un appel mystérieux d'un homme à la voix «molle et menaçante», qui lui confie avoir retrouvé son carnet d'adresses. Cet admirateur et sa compagne ne lui inspirent pas confiance, mais l'écrivain ira plus d'une fois à leur rencontre, se replongeant dans des souvenirs troubles.

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, plus récent roman du Prix Nobel de littérature 2014 Patrick Modiano, se divise en deux temps, le passé et le présent.

Le présent qui menace de troubler la quiétude. Le passé tumultueux, comme une séquence de rêve un peu confuse, plongée dans la nostalgie de l'enfance et de l'adolescence.

Ce roman concis et mélancolique, à l'écriture fluide, élégante, classique, renonce à son intrigue première, jamais dénouée, pour investir la mémoire. Celle d'un ermite, qui finira par s'avouer à lui-même des traumatismes refoulés, en tirant sur le fil des personnages d'une vie qu'il a voulu oublier.

Où est passé l'homme à la voix menaçante du début? Sa compagne intrigante? Perdus dans les méandres de cette oeuvre contemplative et éthérée, de ce roman de langueur qui, au final, laisse pensif, pour ne pas dire dubitatif.

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Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier. Patrick Modiano. Gallimard. 146 pages.