Tableau surréaliste se fondant dans le drame de la mort d'une jeune artiste, Flou se dévoile à travers une myriade de vignettes inspirées librement de la courte existence de la photographe Francesca Woodman, défenestrée dès la deuxième ligne de ce récit.

Marie Lefebvre raconte non pas la vie de l'artiste, mais les photos de celle-ci, comme si le sens de sa vie pouvait se trouver dans les centaines d'oeuvres surréalistes laissées par la jeune femme morte à 22 ans.

Cette recherche se manifeste entre autres par la répétition constante de son prénom, jusqu'à une dizaine de fois par page. La Francesca Woodman de Marie Lefebvre est présentée ici comme torturée, impuissante devant sa propre présence, en communion tragique avec son art qui devient son véritable double spectral.

Les 109 pages bien tassées et sans chapitre de ce roman se retrouvent lourdes de mots, même si la lumière a toujours fait partie de l'oeuvre de la photographe.

Le procédé narratif, qui utilise le corpus d'un artiste pour en raconter la vie, est convenu, mais le résultat est empreint d'une poésie qui donne son envol à cette Woodman inventée, tout en l'écrasant de tout son poids.

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Flou. Marie Lefebvre. Leméac. 109 pages.