Mariée, deux enfants, professeure de lettres. Bénédicte Ombredanne porte un nom de conte de fées et s'applique à renvoyer l'image de la plénitude familiale et conjugale. Une fiction tissée d'idéalisme à laquelle elle s'accroche pour supporter un quotidien fait d'humiliations infligées par son mari, un «harceleur certifié».

Avec ce sixième roman, Éric Reinhardt, qui s'est inspiré de lettres de lectrices reçues après la publication de Cendrillon, s'impose comme un écrivain de l'intime.

Le mécanisme d'avilissement à l'oeuvre au sein du couple est assemblé avec précision, et pourtant l'auteur s'attache moins à décrire une tragédie domestique qu'à brosser le portrait d'une femme qui aspire à une «vie incandescente», en vain.

L'héroïne connaîtra un après-midi inoubliable avec un homme rencontré sur Meetic, mais refusera d'y donner suite. La drôlerie de l'épisode du site de rencontres contraste d'ailleurs avec l'écriture d'Éric Reinhardt, riche, quasi lyrique.

Pour échapper à la trivialité du réel, qui décidément ne tient pas les promesses de la littérature, Bénédicte Ombredanne se retire dans son monde intérieur et dans l'écriture. Un apparent renoncement qui se révèle être un ultime acte d'insoumission.

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L'amour et les forêts. Éric Reinhardt. Gallimard, 366 pages.