Plus de 10 ans après ses pérégrinations au fil de Madame Bâ (2002), la tourbillonnante Malienne revit sous la plume d'Erik Orsenna.

Alors qu'elle s'était lancée, dans ce précédent opus, sur les traces de son petit-fils en France, Madame Bâ Marguerite traverse désormais les frontières en sens inverse, investie d'une mission d'une envergure considérable (mais quelle tâche serait inaccessible à Madame Bâ?): bouter les djihadistes hors du Mali, eux qui rongent peuples et villages tel un cancer.

Au cours de cette campagne, la dame sera épaulée par son petit-fils retrouvé, qui a délaissé crampons et ballons de soccer au profit de plumes et papiers. Et voici le duo, sillonnant un Mali maladif, et pourtant émaillé des personnages les plus divertissants.

On retrouve non sans plaisir le caractère extravagant de Madame Bâ, autant que dialogues burlesques à foison, renaissant sous le style amusant de l'académicien. Une légèreté d'écriture contrastant avec les multiples embûches auxquelles est confronté ce Mali déstabilisé; obstacles décrits sans concession, sous des faux airs de naïveté: flambée de l'intégrisme, nativité incontrôlée, économies parallèles...

Un récit d'aventures drôle et palpitant intégrant des personnages incroyables dans une réalité très tangible: celle du Mali contemporain.

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Mali, ô Mali. Erik Orsenna. Stock, 416 pages.