«Ogre. Pirate. Monstre. Troll. Thug. Un peu méchant et injuste, même, quelquefois. J'avoue, je ne livre une image ni très tendre ni très sensible de moi.»

Michel Vézina est un peu à la littérature québécoise ce que Martin Picard est à notre gastronomie, c'est-à-dire que ses excès lui viennent de ses exigences et d'un formidable appétit de vivre.

L'écriture est l'eldorado suprême pour cet écrivain et éditeur et nul ne pourra faire obstacle à son voyage - surtout pas ses ex-employeurs qui l'ont viré comme chroniqueur.

Parti pour Croatan, ce sont les carnets de Vézina de l'année 2013, où l'on sent ce grand bourlingueur, qui a fait tous les métiers et promené sa bohème un peu partout sur la planète, partagé entre l'appel du bois et de la solitude célébrés par Thoreau et un certain usage du monde à la Bouvier.

Prendre ce monde à bras-le-corps ou s'en retirer, c'est probablement le va-et-vient, très érotique d'ailleurs, nécessaire à la vocation.

Ces carnets sont drôles, émouvants, stimulants, méchants, vibrants, francs, jamais ennuyants. Comme Vézina qui, à 54 ans, cherche encore à savoir ce qu'il fera quand il sera grand.

***1/2

Parti pour Croatan, Michel Vézina. Éditions Somme toute, 230 pages.