Nadia Comaneci, petite gymnaste roumaine légendaire des Jeux olympiques de Montréal en 1976, se trouve au coeur de La petite communiste qui ne souriait jamais, quatrième roman de Lola Lafon.

Entre les témoignages, les articles et les conversations délicates, la narratrice imagine les bribes oubliées de la vie de Nadia Comaneci, passée du statut d'enfant prodige adorée à celui de grosse femme méprisée fuyant le régime de Ceausescu en 1989.

Les vrilles et les coups de pied à la lune ne sont pas que l'affaire de l'athlète défiant la gravité, mais aussi celle de l'écriture, qui s'embrase dans l'action, escamotant la ponctuation et les dialogues pour mieux conserver son élan.

Les mots sont durs et piquent. En cela, ils se comportent comme a pu le faire l'imperturbable gymnaste envers elle-même. Comme a pu le faire le monde entier envers ses chairs de jeune femme.

Ce récit de haute voltige reprend son souffle pendant les échanges tendus et les non-dits entre la narratrice occidentale et l'athlète instrumentalisée en figure de proue communiste.

Un roman où s'entrechoquent performance physique, capitalisme, communisme, tyrannie du corps et de la jeunesse.

À lire pour baigner encore un peu dans l'esprit des Jeux.

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La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon, Éditions Actes Sud, 317 pages.