Andreï Makine mène un combat contre l'indifférence que la France réserve à ses héros de la Seconde Guerre mondiale. «Ce livre n'a d'autre but que d'aider la parole du lieutenant Schreiber à vaincre l'oubli», écrit Makine.

Ami de Jean-Claude Servan-Schreiber, il l'a poussé à écrire ses mémoires. Après de multiples refus des éditeurs, le livre de Schreiber a finalement été publié en 2010.

Le passé du militaire et de ses compagnons des années 40, quoiqu'empreint de courage et de sacrifices, s'est heurté à l'indifférence générale. Makine n'a pas digéré que le livre soit condamné au pilon.

Trois ans plus tard, il prend la plume pour raviver les souvenirs militaires du lieutenant Schreiber, maintenant âgé de 92 ans. Le parcours de ce juif qui a servi dans l'armée française est peut-être admirable, mais il ne réussit pas à susciter de véritable intérêt.

On peut bien sûr vanter la belle écriture de Makine, souligner quelques passages touchants et certaines réflexions tout à fait pertinentes. Il reste que le ton justicier, et parfois teinté d'amertume, alourdit le propos.

Pour apprécier le réel talent d'Andreï Makine, mieux vaut lire ou relire ses romans.

* * *

Le pays du lieutenant Schreiber, Andreï Makine, Grasset, 220 pages.