Dans l'histoire alternative imaginée par Lavie Tidhar, le terrorisme international n'existe pas et les attentats du 11-Septembre n'ont pas eu lieu... sauf dans la fiction. Dans ce monde parallèle, Oussama ben Laden, Justice sommaire est une populaire série de romans de gare.

«Ça commence toujours par une grosse explosion», claironne leur auteur, Mike Longshott, en exergue d'Osama.

Ici, «ça» commence plutôt avec un de ces livres, recommandé par un libraire opiomane à Joe, un ami détective privé. Bien vite, un contrat force ce dernier à partir à la recherche de Longshott aux quatre coins de la planète, de Vientiane à Kaboul, en passant par Paris, Londres et New York. Au fil de l'enquête, la réalité de Joe perd peu à peu de sa consistance. Il devient «flou».

Osama commence comme un polar, mais se transforme doucement en roman fantastique aux accents orphéens sur la perte et l'absence. Lavie Tidhar offre ici une uchronie grave et fascinante, qui se dérobe aux interprétations faciles.

Pas étonnant que le jury du World Fantasy Award 2012 ait préféré Osama à des livres d'auteurs aussi bien établis que George R. R. Martin et Stephen King.

* * * 1/2

Osama. Lavie Tidhar. Traduit de l'anglais par Florence Dolisi. Éclipse, 384 pages.