Ça, un premier roman? Impossible, se dit-on, tant l'écriture est maîtrisée, incroyablement riche et pourtant limpide, parfois éminemment classique, parfois éminemment moderne.

Un roman dont on a envie de réciter de grands pans - ou au moins d'en mémoriser des bribes, juste pour la musicalité des mots du Québécois Louis Carmain. Car en plus, c'est assez hallucinant, réaliser qu'un Québécois a imaginé cette étonnante histoire d'amour et de guerre, campée entre 1862 et 1866, dans un bateau espagnol en route pour le Pérou, où Simón le secrétaire ne sait pas encore qu'il va rencontrer l'étonnante Montse férue de lecture! Je sais, dit comme ça, ça ne semble tellement pas convaincant - imaginez si on précise qu'il y a quelque chose de picaresque dans Guano, qu'il puise tant dans le roman de chevalerie à la Don Quichotte que dans l'oeuvre sensuelle et ironique de Rabelais (rien que le titre...), loin, très loin de l'espace-temps Québec 2013! Oh, allez, au point où on en est, rajoutons-en une couche: Guano est parfois si poétique qu'on se surprend à rêver d'océan en plein métro bondé. Merdouille, on aurait dû le lire à sa sortie, il aurait figuré en bonne place parmi nos meilleurs livres de l'année.

______________________

* * * *

Guano, de Louis Carmain

L'Hexagone, 200 pages