Ce n'est pas pour savoir si la rupture entre Marie et le narrateur finira par être confirmée, bien qu'elle en constitue le fil conducteur, que l'on ouvre ce dernier volet de la série des Marie.

Après Faire l'amour, Fuir et La vérité sur Marie, l'écrivain nous promène une nouvelle fois entre Paris, Tokyo et l'île d'Elbe.

Posté - pendant la moitié du roman - derrière la fenêtre de son appartement parisien, le narrateur attend un appel de Marie, figé dans ses souvenirs. Entre passé et présent, le temps se dilate, elliptique, revisite des péripéties narrées dans les précédents livres, inventant un nouveau point de vue.

Marie est un personnage aussi agaçant que charmant, mais c'est l'écriture de Toussaint qui assure le travail de séduction. À l'impassibilité de son style, le romancier belge a su ajouter au fil des parutions une sensualité marquée, attentive à l'odeur de renfermé des intérieurs abandonnés, à la vision de la pluie et de la grisaille, aux effluves chocolatés imprégnant une ville toscane...

La narration, souvent visuelle, d'une esthétique raffinée, construit les scènes comme des séquences de cinéma ou des photographies. Sans être le plus fascinant des quatre romans, Nue clôt la série avec élégance.

* * *

Nue, Jean-Philippe Toussaint, Éditions de Minuit, 169 pages.