Cette fable qui prend forme dans un minuscule village de Sibérie est à la fois exotique et réjouissante. Faute de pouvoir quitter Mourava, l'éboueur Vladimir Golovkine accueille dans son isba un pianiste français qui débarque avec son piano bringuebalant.

Colin Cherbaux (les villageois prononcent Kolincherbo) s'est éloigné des salles de concert pour régler un problème: sa main droite se crispe dès qu'il attaque le Concerto no 2 en do mineur de Rachmaninov.

Désireux de l'aider, Golovkine fait appel à l'herboriste de Mourava et à un ancien cosmonaute mélomane devenu ermite. Dans les moments de découragement, l'ivrogne Sergei fournit généreusement de l'alcool frelaté.

C'est une histoire d'amitié et de compassion au milieu de la taïga. Le climat est rude, les paysans sont rustres, mais chacun a ses rêves et la bonne humeur est présente.

Olivier Bleys, qui en est à son dixième roman, continue de nous éblouir avec son imagination débordante, son écriture pleine d'entrain et ses pensées philosophiques. «Ne me plains pas, tu aurais tort. Je sais d'où je viens, tu ne sais pas où tu vas», dit Kolincherbo à Golovkine.

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Concerto pour la main morte, Olivier Bleys, Albin Michel, 240 pages.