Aussi brutales que brèves, les nouvelles de ce recueil, le premier de Françoise Major. Comme autant de brèches fulgurantes dans la solitude des narrateurs et narratrices qui pensent, l'espace d'un instant, que leur vie va changer. Et puis non.

Lucides ou amères, les prises de conscience, parfois mélancoliques. Jamais d'une absolue noirceur, mais presque. Les chutes sont souvent des claques sur la gueule, mais on en redemande.

C'est un gars qui pourrait coucher avec une fille ou un gars qui pourrait tomber amoureux; c'est une fille qui couche avec un gars le jour de sa fête sans que ce soit un cadeau ou une fille qui, pas encore prête à partir, préfère faire une pipe à son chum plutôt que de déménager, et une autre qui ne voit pas l'intérêt de changer d'homme, à la manière du quatre trente sous pour une piasse.

Major use d'une langue brute qui crée des images crues, comme une photographe sur le terrain de la guerre du quotidien, où seul l'amour, le vrai, pourrait peut-être faire cesser les hostilités. Mais il est rare, ce drapeau blanc, dans le noir.

* * * 1/2

Dans le noir jamais noir, Françoise Major, La Mèche, 128 pages.