Tout est dans le titre : c'est un conte vraiment cruel, sanguinaire et barbare que ce livre de Philippe Arseneault, prix Robert-Cliche 2013 du premier roman.

Campé dans un univers de dégénérés aux confins de la Finlande, il relate la vie tourmentée de Zora, fille d'un tripier sadique inventeur de plats infâmes, élevée au milieu d'êtres mauvais (les humains) ou carrément maléfiques (les Fredouilles), de tortionnaires ou de torturés (descriptions à l'appui).

Nul doute possible, Arseneault aime les beaux mots rares, les néologismes, l'univers fantastique et le monde médiéval. C'est à la fois la force et la faiblesse de ce premier roman: multipliant les descriptions, Arseneault s'est appesanti sur le «cruel» de son propos (si on aime le gore et le «crastillon bien dégorgé», on sera comblé par les détails sanglants, meurtriers ou culinaires!) au mépris de l'histoire et de la tension dramatique. Il a oublié qu'un conte doit divertir, mais aussi instruire, édifier, a contrario s'il le faut: difficile ici de tirer une morale, même tordue. Cela dit, c'est un prix Robert-Cliche bien mérité, un premier roman digne de mention.

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Zora un conte cruel, Philippe Arseneault, VLN Éditeur, 488 pages.