Mère indigne est de retour. Caroline Allard (Universel coiffure, Chroniques d'une mère indigne) cosigne en effet une bande dessinée d'historiettes en quelques cases où elle fait ce que bien des parents font aussi sur Facebook: exploiter les drôleries de leurs enfants. Elle s'occupe des mots d'esprit (et des variations sur le thème du mot de Cambronne...), alors que Francis Desharnais (l'auteur de Burquette, notre Mafalda à nous) les met en images de son trait joyeusement malicieux.

Caroline Allard justifie son projet dans une courte préface baignée d'autodérision: en regardant grandir ses filles, elle a constaté qu'elles étaient plus drôles qu'elle. Surtout la plus jeune, Lalie. Autant en profiter pour faire rire les gens. D'un rire qui, souvent, soulage puisqu'il n'y a rien de plus réconfortant pour un parent que de constater que les choses sont aussi pires chez le voisin!

Lalie, qu'on imagine entre 4 et 7 ans selon les vignettes, a un sens de la répartie précoce et pour le moins imagé. Elle a l'énergie d'une grande débatteuse, aussi, même si ses arguments s'appuient sur cette logique bancale que les enfants exposent avec conviction lorsqu'ils tentent d'éviter de ranger leur chambre («Je suis en plein milieu d'être occupée») ou simplement pour nous contredire, exercice dans lequel ils mettent tant de coeur et de théâtre que c'est sûrement - hélas! - un élément essentiel de leur développement intellectuel.

Lalie s'y emploie avec beaucoup de verve et sa mère indigne relate avec vivacité, elle aussi, ses sautes d'humeur, ses mots d'esprit et son obsession des pets et du caca. Sa fixation sur le brun s'est en effet consolidée avec le temps et son seul ami imaginaire est un pet... La nudité («Je suis claustrophobe de la peau», dit-elle), le petit ami de sa soeur aînée et le mépris de sa mère sont aussi de ses préoccupations récurrentes.

Et c'est drôle? Pas mal, oui. Parce la majorité des gags sont bien tournés et que le maillage entre les textes de Caroline Allard et les dessins de Francis Desharnais fonctionne à merveille. Son trait simple est en effet capable d'être pince-sans-rire et outrancier. Le plaisir qu'on tire de cette lecture tient aussi au fait qu'on aime bien se moquer du malheur des autres, car nos enfants à nous n'oseraient jamais faire ou dire tout ça. Bien sûr...

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Chroniques d'une fille indigne, Caroline Allard et Francis Desharnais, Septentrion coll. Hamac-Carnets 157 pages.

Images tirées des Chroniques d'une fille indigne