Auteur de Comment le peuple juif fut inventé et de Comment la terre d'Israël fut inventée, l'historien israélien Shlomo Sand donne un aperçu de sa pensée dans ce court essai. Il y soulève une question dérangeante, voire taboue, celle de l'appartenance au «peuple juif».

Nourrie par le «mythe religieux de la descendance d'Abraham et la légende chrétienne du peuple maudit et errant», la dimension imaginaire de l'identité juive relève, pour Sand, de l'évidence. Sartre écrivait que c'est l'antisémitisme qui crée le Juif, vision à laquelle Sand souscrit, tout en constatant que s'il subsiste «des "poches" de cette haine», elles n'ont rien de comparable à la «puissante judéophobie passée».

À la question du «vécu partagé» par le peuple juif, il ne trouve pas de réponse, hormis le legs du «capital symbolique de la souffrance passée», transformant le «peuple élu» en «victime élue». Qu'est-ce que le «Juif nouveau» d'Israël a donc à voir avec le juif d'Europe centrale, s'il rejette celui-ci comme étant du «bétail pour le massacre»? Et avec les juifs du Maghreb ou du Moyen-Orient, identifiés comme arabes? Par cette réflexion, c'est à une critique virulente d'Israël, accusé de racisme, car le non-juif y est un citoyen de second rang, que Shlomo Sand se livre.

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Comment j'ai cessé d'être juif, Shlomo Sand, Flammarion collection «Café Voltaire», 138 pages.