Ce roman est une bonne introduction à l'oeuvre immense et dense de Yôko Ogawa. L'auteure japonaise, fan avouée de Haruki Murakami et de Paul Auster, continue d'exploiter les thèmes qui lui sont chers: situations étranges, difformités physiques, lieu clos, obsessions et perversions.

Le petit joueur d'échecs, né avec les lèvres soudées, est orphelin de mère et refuse de grandir. Il vit avec ses grands-parents, dort dans un lit clos et se réfugie dans l'imaginaire. À l'école, les poils qui poussent sur ses lèvres l'exposent aux railleries. Mais un homme obèse, qui vit dans un autobus, l'initie aux échecs.

Le garçon d'une dizaine d'années est très doué. Sa compréhension du jeu va bien au-delà de la stratégie. Il s'applique à faire de chaque partie un poème mélodieux. Seul hic, il ne peut jouer assis devant son adversaire. Il doit se glisser sous la table pour se concentrer et voir le jeu plus clairement dans sa tête.

Sa petite taille lui permet d'entrer dans la poupée mécanique Little Alekhine et de continuer à jouer. Le petit joueur d'échecs est émouvant et on peut apprécier le récit sans connaître les échecs.

L'oeuvre de Yôko Ogawa est maintenant traduite dans le monde entier.

* * * *

Le petit joueur d'échecs, Yôko Ogawa, Actes Sud/Leméac, 334 pages.