Objet littéraire non identifié que ce journal rédigé au cours des deux dernières années par l'un des éminents spécialistes français du monde arabe, Gilles Kepel. Il se trouve à mi-chemin entre le récit de voyage, le reportage journalistique et l'analyse universitaire.

L'expert raconte les révolutions arabes tout en les décryptant et en esquissant la suite des choses dans cette région du monde. Récit auquel s'entremêlent ses souvenirs liés à la naissance et l'évolution de sa passion pour les nations arabes et la langue qu'on y parle (et qu'il parle couramment lui aussi, ce qui rend ses observations souvent encore plus pertinentes).

Mais ce qui est le plus précieux pour le lecteur, parallèlement à son érudition, c'est qu'il multiplie les séjours et les rencontres, tel un reporter qui veut aller au fond des choses.

Du tyran syrien Bachar al-Assad «aimable, attentionné, courtois» lorsque croisé à Paris en 2010 au cheikh yéménite Sadek al-Ahmar, avec qui il discute politique en janvier 2012, dans son palais «semi-dévasté» au Yémen, en mâchant des feuilles (euphorisantes) de qat! En passant par de multiples autres échanges éclairants avec divers autres acteurs des révolutions arabes, dans pas moins d'une douzaine de pays.

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Passion arabe, Gilles Kepel, Témoins Gallimard, 479 pages.