Une femme de chambre rend visite en prison à son époux, condamné pour avoir assassiné leurs trois enfants. Une mère retrouve son fils disparu depuis des années. Par mégarde, une veuve malade ouvre grandes les portes de sa maison à un criminel, qui devient son confident.

Dans ce nouveau recueil de nouvelles, l'écrivaine canadienne Alice Munro raconte les drames de gens «sans défense», les rencontres inattendues, inespérées qui bouleversent une vie en profondeur.

La grande force du livre est l'écriture sans complaisance de Munro, attentive aux détails insignifiants, aux moindres contradictions de ses personnages. Aux gestes inoffensifs, mais qui, aussitôt faits, entrouvrent une brèche et réorientent la ligne du destin, et à cette «accélération, l'instant ou la seconde de la chute. [...] Le coup du sort qui laisse un homme infirme, la mauvaise blague qui transforme des yeux limpides en doux cailloux aveugles».

On ressort de la lecture de ces 10 récits psychologiques et un peu cruels avec l'amère impression qu'il est rarement question de bonheur, dans l'univers de Munro, et encore moins de son débordement, sinon en creux, sinon pour en accentuer l'absence.

* * * 1/2

Trop de bonheur, Alice Munro, Traduction de Jacqueline Huet et de Jean-Pierre Carasso, Éditions de l'Olivier, 315 pages.