Premier roman qui en contient au moins trois, Les pavés dans la mare porte déjà la signature d'un auteur au ton assumé, qui sait naviguer entre le lyrisme du roman d'apprentissage et une ironie nécessaire.

On y suit le parcours de Jakob Labonté, jeune homme à peine sorti de l'adolescence qui est venu se réfugier au lac Sauvage, dans la forêt abitibienne. Que fait-il là? C'est ce que Jakob nous raconte: sa famille dysfonctionnelle, sa rencontre avec un groupe d'utopistes «terroristes», son premier amour, ainsi que tous les événements qui l'ont mené dans cette pourvoirie abandonnée.

S'il réussit à bien dessiner les contours de son protagoniste - Jakob n'est pas très sympathique, idéaliste mais lâche -, Nicolas Delisle-L'Heureux a peut-être voulu embrasser trop large, de la chronique familiale à la fuite dans la nature, en passant par la critique sociale.

Il laisse ainsi bien des personnages en plan, les rattrape au passage alors qu'on n'y pensait plus, en laisse tomber d'autres... On finit par se perdre dans ce labyrinthe qui aurait gagné à être resserré.

Reste ce fil qu'est Jakob, dont le passage difficile vers l'âge adulte ne se fait pas sans heurts, et la voix originale d'un nouvel auteur qui fera aussi son chemin vers la maturité en apprenant à faire des choix.

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Les pavés dans la mare. Nicolas Delisle-L'Heureux. Pleine lune, 302 pages.