Dans une ville jamais nommée mais qui pourrait être près de Vienne - on y parle allemand avec un accent particulier -, une journaliste française est envoyée par un week-end de canicule interviewer un grand peintre plutôt secret.

D'elle, on sait peu de choses, sinon qu'elle est dans la trentaine, belle et presque libre. Du «quinquagénaire fatigué» qui la regarde à la terrasse d'un bistrot, on en sait encore moins, sinon qu'il s'appelle Karl Ritter.

Ces deux-là vont amorcer une étrange relation, tandis qu'un fait divers secoue la ville - une enfant et sa mère ont été emportées par le courant.

L'écriture belle et singulière d'Hélène Lenoir épouse les hésitations et les errances des personnages. Elle assemble des monologues intérieurs, des dialogues, des observations méticuleuses en une histoire un peu floue, parfois obsédante, très proche du flot de la pensée.

Si la trame peut sembler mince, tout le plaisir est dans la manière, la voix très particulière d'une auteure qu'on découvre (à son 10e titre!) et qu'on suivra avec intérêt.

* * * 1/2

La crue de juillet. Hélène Lenoir. Éditions de Minuit, 160 pages.