Le décalage entre la parole et l'acte est désarmant chez les athlètes. Leurs gestes sportifs sont parfois sublimes. Mais leurs mots rendent rarement justice aux actes. Seule une poignée d'entre eux parviennent à parler de leur sport avec brio. Georges St-Pierre a toujours été de cette minorité.

Le sens du combat, premier livre de St-Pierre, est une plongée dans l'univers d'un combattant. Il raconte son parcours. Il s'épanche aussi sur le sens des arts martiaux à l'aide d'une structure narrative intéressante où son témoignage est entrecoupé de ceux de sa mère, de son mentor, de son entraîneur, etc.

St-Pierre use peut-être trop de citations - Aristote, Bouddha ou saint Augustin -, mais l'effet général est réussi; le lecteur est transporté dans la tête du guerrier. Une tête hantée par la peur, celle de perdre, de décevoir, mais aussi hantée par le rêve de devenir le meilleur combattant possible.

Le livre aurait pu aller plus loin. St-Pierre lui-même insiste pour dire qu'il ne s'agit pas d'une autobiographie. On n'y parle jamais de sa vie amoureuse, par exemple. C'est Justin Kingsley, de l'agence de publicité Sid Lee (qui s'occupe de l'image de St-Pierre), qui a couché sur le papier le récit du champion. Le mélange des genres cause un léger inconfort: jusqu'où ce livre participe-t-il de la construction de «la marque GSP»? Difficile à dire.

***1/2

Le sens du combat

Georges St-Pierre avec Justin Kingsley

Flammarion Québec, 256 pages

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DES EXTRAITS DU SENS DU COMBAT

«J'avais un pantalon Adidas avec des boutons-pression sur les côtés. Chaque jour, les petits toughs me l'arrachaient en riant. C'est comme ça que j'ai perdu ma dignité. Devant tous les autres élèves, au beau milieu de la cour de récréation.»

«Au cours de ce combat, Karo Parisyan m'a immobilisé deux fois avec un Kimura [...]. Si je ne remportais pas cette victoire, je ne survivrais pas à la fin du mois. Je devais payer mon loyer, payer à manger. Je me disais: ''Casse-moi le bras, s'il le faut.'' Je n'avais pas le choix.»

«Je n'ai pas toujours été le plus fort. La peur m'a formé. Je n'aime pas avoir peur, mais j'aime la peur passionnément. Je la respecte parce qu'elle m'a fait tel que je suis aujourd'hui. La vérité, c'est que je ne suis pas un gagnant-né.»