Marie-Christine Arbour aime les personnages ambigus à l'identité sexuelle floue. Dans Chinetoque, Alice est une traductrice qui se perd complètement dans sa relation avec Will, un Chinois aussi beau que mystérieux, au point de faire raser ses longs cheveux blonds et de porter des vêtements d'homme informes pour lui ressembler.

Chinetoque raconte le parcours de la jeune femme depuis son enfance jusqu'à cet amour absolu qui finira par lui donner des ailes. Ses années d'université, ses amours malheureuses, sa relation avec sa mère, son père qui a quitté la maison quand elle était toute petite, son travail de traductrice dans le domaine des médecines douces: l'auteure arrive à raconter tout cela en peu de mots grâce à son écriture concise bien particulière, faite d'élisions et d'aphorismes, qui lui permet d'aller à l'essentiel en quelques phrases.

Un style qui a cependant le défaut d'être désincarné, même si le récit parle de choses concrètes l'appartement miteux dans un quartier paumé de Vancouver, la maladie de la mère, les nombreuses scènes sexuelles, tout cela semble se perdre dans cette écriture évanescente, le vague à l'âme d'Alice et des dialogues légèrement ampoulés.

Chinetoque a quand même un effet hypnotique sur le lecteur avec son ambiance éthérée, sa manière de jouer avec la chronologie et sa sensualité à fleur de peau.

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Chinetoque. Marie-Christine Arbour. Triptyque. 224 pages.