Adolf Hitler et le dalaï-lama ne pourraient être plus diamétralement opposés. Pourtant, ces deux personnages furent un temps liés l'un à l'autre, comme le raconte Gilles Van Grasdorff dans Opération Shambhala.

Les nazis croyaient en effet que l'Himalaya était le berceau de la race aryenne germanique. Ce délire ésotérique, largement entretenu par Himmler (qui adorait le Livre des morts tibétains!), déboucha en 1938 sur une expédition d'officiers SS au Tibet, chargés de confirmer la chose.

Cette mission diplomatique et scientifique donna lieu à de nombreux examens anthropologiques qui seront par la suite appliqués aux Juifs de Dachau et d'Auschwitz.

Trop jeune à l'époque, le dalaï-lama n'eut rien à voir avec cette triste «collaboration». Ce qui ne l'empêchera pas d'avoir un ancien SS comme précepteur après la guerre (Heinrich Harrer), détail que le film Sept ans au Tibet semble avoir balayé sous le tapis.

Passionnant, dites-vous? Hélas, non. Malgré ce sujet hautement original, Grasdorff ne parvient pas à capturer les esprits. Bien documenté (trop?), son compte rendu n'est, au final, qu'une fastidieuse accumulation de faits, de «name dropping» et de références pointues qui finissent par égarer le lecteur, pourtant plein de bonnes intentions. Dommage.

* * 1/2

Opération Shambhala. Gilles Van Grasdorff. Presses du Châtelet, 445 pages.