Écrit deux ans avant le Printemps arabe, L'Arche de Noé donne des pistes d'explication sur ce qui a mené à la révolte en Égypte.

Après Taxi, le réalisateur et journaliste Khaled Al Khamissi livre un autre roman choral, qui se penche sur le phénomène de l'émigration: les 12 personnages sont déjà partis ou cherchent à quitter le pays.

Les raisons de partir diffèrent, les moyens aussi, mais tout cela dresse un portrait saisissant d'un pays gangrené par la corruption, où les diplômes universitaires s'achètent, où les décisions gouvernementales nuisent autant aux petits entrepreneurs qu'aux paysans.

Les histoires s'imbriquent étroitement, narrées à la troisième personne et intercalées avec les interventions au «je» des protagonistes, ce qui donne parfois des informations très factuelles.

Si L'Arche de Noé parle beaucoup de politique, d'économie et de société, la sensualité, le sens de la famille et l'amour du pays sont aussi très présents.

Et si la profusion de personnages secondaires et les passages entre le passé et le présent rendent le livre un peu confus et l'empêchent d'être un «grand roman», L'Arche de Noé reste passionnant et révélateur.

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L'Arche de Noé. Khaled Al Khamissi. Traduit de l'arabe par Soheir Fahmi. Actes Sud, 368 pages.