Des premiers romans sur la dérive éthylique post-rupture amoureuse d'un gars en manque de son père, et qui va finir par écrire son premier roman, il y en a des tas, particulièrement en littérature québécoise.

Ce qui sauve Jean-Philippe Martel du cliché est la qualité de son écriture, un savoir-faire dans la description juste de la détresse insaisissable de l'homme perdu, une érudition certaine lorsqu'il est question de littérature.

Son narrateur, Vincent Sylvestre, professeur, fan de Maurice Sachs, ressemble à ces lampadaires d'un champ de son enfance, qui «gardent des routes qui ne mènent nulle part, guettent des intersections qui n'ont pas changé depuis des années».

Comme dans la chanson de Cohen, il «attend un miracle» qui donnerait un sens à son existence. «Je suis accroché à tout ce qui accroche et je ne me déserterai pas», dit-il.

Aux Narcomanes anonymes, il rencontre Robert, aussi désespéré, avec qui il n'arrêtera pas de consommer. Ce substitut de père ou de frère, avec lequel il n'a rien d'autre en commun que le vice et la tristesse, est un miroir qu'il sera bien forcé de regarder.

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Comme des sentinelles. Jean-Philippe Martel. La Mèche, 180 pages.