Qu'il écrive sur l'exil (La petite fille de Monsieur Linh), la peur de l'autre (Le rapport de Brodeck), l'aliénation (L'enquête) autant de visages de la solitude et de l'intolérance, Philippe Claudel réussit toujours à insuffler une sensualité toute en demi-teintes à des univers pourtant étriqués ou cruels.

On s'attend donc à ressentir cette sensualité à la lecture d'un récit autobiographique. Surtout s'il porte le titre évocateur de Parfums et qu'il se nourrit de la mémoire olfactive de l'écrivain.

Étrange paradoxe, ce n'est pas du tout le cas. Dans cet ouvrage où Claudel se raconte à l'aide de courts chapitres où il décrit l'une ou l'autre des 63 odeurs-clés de sa vie (cannelle, Gauloises et Gitanes, fumier, chou, crème solaire, etc.), tout est très bien écrit... et tout est plutôt tiède, tiré au cordeau, cérébral, plus près de l'exercice de style, certes maîtrisé, que de l'écriture de fond.

Si on aime Claudel et qu'on veut en savoir plus sur sa vie, c'est une lecture agréable. Mais pour lire ce qui s'appelle lire, on préférera L'enquête, tout juste sorti en format poche.

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Parfums. Philippe Claudel. Stock, 217 pages.