Il y a deux ans paraissait le Journal de galère de l'auteur d'Être sans destin, chef-d'oeuvre de réflexions philosophiques sur la «culture» de l'holocauste, vision implacable de l'humanité après Auschwitz.

Couvrant les années 2001-2003, Sauvegarde, s'il ne possède pas l'ampleur du précédent journal, porte bien l'empreinte du grand écrivain hongrois.

Diminué par la maladie de Parkinson, Kertész travaille sur le même roman depuis plus de 10 ans et doute de ses facultés créatrices. Les «humiliations physiques» le hantent: «Je ne l'aurais jamais cru, mais la vieillesse arrive d'un coup. D'un jour à l'autre, presque d'une minute à l'autre.»

Autres thèmes récurrents: le dégoût pour cette Hongrie d'extrême droite d'où il finit par s'exiler; la dépression; le cancer de «M.», sa femme; le 11-Septembre; l'attribution du prix Nobel... Les manifestations contre Israël dans le monde? «L'antisémitisme tenu en bride pendant de longues années remonte du bourbier de l'inconscient.»

Chaque phrase de Kertész est un coup de poignard à la pensée humaniste, lui pour qui «le destin de l'homme se résume à détruire toute tendresse, toute beauté, tout ce qui est plus faible ou plus fragile que lui».

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Sauvegarde. Journal 2001-2003. Imre Kertész. Actes Sud, 224 pages.