Pourquoi lit-on Angot? Parce qu'on est voyeur ou masochiste? Un peu des deux. Sauf que cette fois, 13 ans après L'inceste qui en a fait une star littéraire, Angot tend un piège redoutable à ces lecteurs un peu pervers.

«Une semaine de vacances» s'ouvre sur une longue scène de fellation qui dure une bonne trentaine de pages. Cela ne serait qu'un roman érotique un peu cru si on ne finissait par découvrir qu'il s'agit d'un homme et de sa fille. Malaise.

Angot utilise une mécanique d'écriture infernale pour bien faire comprendre au lecteur ce dont il s'agit ici: l'annihilation totale d'une jeune fille. C'est lui qui parle, lui qui décide de tout, bien qu'il lui répète qu'il ne lui fera rien qu'elle ne veut pas.

Elle n'a aucune chance de s'en sortir, nous le comprenons bien, de là l'effet claustrophobe de ce roman par lequel Angot n'a jamais été aussi proche de son sujet traumatique, pourtant sans utiliser le «je».

Ce n'est pas Angot qui se dévoile ici, c'est Angot qui, par les pleins pouvoirs de l'écriture, dénude jusqu'à l'os ce qu'est l'inceste. Et nous découvrons qu'on ne savait rien, vraiment, de cette abomination. On ne peut pas aimer ce livre. Mais on peut aimer qu'Angot l'ait écrit.

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Christine Angot. Flammarion. 137 pages.