Philippe Djian, auteur singulier? C'est un pléonasme. Avec «Oh...», il réussit pourtant à se singulariser encore un peu plus.

D'abord, il donne pour la première fois la parole à un personnage féminin, Michèle, qui tente de se défaire des liens qui l'attachent à une smala hallucinante: son fils, la petite amie de son fils (enceinte d'un autre), son ex-mari, la nouvelle petite amie de son ex, sa mère, son père (un père hélas très d'actualité...), son amant, sa meilleure amie (épouse de son amant!), son chat, son voisin même - et particulièrement son voisin.

Inoubliable, ce voisin! A-t-on mentionné un violeur troublant? Oh boy. Pas de chapitre dans ce 25e livre de Djian.

Que des paragraphes qui «punchent», des phrases féroces, quelque chose de brutal et de cru incroyablement féminin, du rythme, du rocambolesque convaincant, de l'hilarant agressif, de la perversité diablement humaine, du paradoxe à foison.

Et toujours, toujours, cet art de l'ellipse, du raccourci qui tue, comme seul Djian le maîtrise: en quelques mots, son récit tourne à 180 degrés. Et on le suit, abasourdi, capable d'accepter l'inacceptable.

Bref, du Djian. (En lice pour les prix Médicis et Femina).

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«Oh...». Philippe Djian. Gallimard. 237 pages.