Vingt ans d'écriture et 21 romans sortis à chaque fin d'été, ça mérite de sabrer le champagne. Amélie Nothomb n'allait pas rater cette occasion.

L'or liquide, frappé à point, coule donc à flot, accompagnant homards et saint-honoré dans ce Barbe bleue qui, sans être un grand cru «nothombien», parlera à ceux qui éprouvent une affection particulière pour l'inquiétant conte de Perrault.

C'en est la relecture contemporaine. Mais attention, pas seulement des faits. Hommes et femmes ne jouent plus la partie de la même manière et l'écrivaine belge tient compte de cette réalité - sans commettre l'erreur de simplement inverser les rôles.

Nous sommes ici en présence de Saturnine (ouais...), nouvelle occupante d'une chambre luxueuse d'un hôtel particulier du VIIe arrondissement appartenant à un noble espagnol.

Il n'en demande qu'une bouchée de pain. Elle sera sa neuvième colocataire. Les huit précédentes ont disparu. Elle aura accès à tout l'appartement. Sauf à une pièce. Il lui en cuira si elle y entre.

Ainsi commence une joute verbale (le roman se compose essentiellement de dialogues) parfois brillante, parfois longuette. Et menant à une conclusion bien dans la tradition du conte - de Nothomb.

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BARBE BLEUE. AMÉLIE NOTHOMB. ALBIN MICHEL,169 PAGES.