Il y a deux Annie Cloutier. La styliste porteuse d'une prose élégante aux accents poétiques qui fouille l'intime et les relations humaines habilement, comme dans Ce qui s'endigue, puis celle qui tente de conjuguer sociologie, histoire, avec un grand H, et vie personnelle, celle de femmes notamment, ce que raconte La chute du mur. 

Il y a un peu des deux dans cette troisième offrande: l'histoire de la puissante famille Gagnon, un richissime clan québécois populaire auprès des médias, qui fabrique des biscuits et fricote avec les gouvernements. L'auteure excelle à entrer dans la tête et le coeur des personnages tout en faisant avancer le récit. Derrière la façade élaborée par les pros du marketing, on découvre de véritables humains avec toutes leurs déchirures, leurs faiblesses, leur résilience aussi. C'est un bon roman, mais il y a un bémol important à ce portrait fort juste d'une époque qui nage dans le cynisme. La romancière succombe à un excès d'explications socio-politiques, parfois stéréotypées, qui alourdissent l'écriture et nous éloignent des membres de cette famille, somme toute, attachante.

___________________________________________



Une belle famille, d'Annie Cloutier. Triptyque, 260 pages